Enfants à pas feutrés,
Enfants qui ne soufflent mot.
Petits souliers dansent
Sur les pavés lustrés de pluie.
À travers les méandres de la cité,
Égrené le ruban d’arpèges,
Insistant comme une voix que l’on croyait perdue.
Tandis que le sourire tendre de la lune inonde
Le flot des innocents.
Des rubans chatoient comme des pétales de fleur
Dans le sillage de la farandole
Et devant le joueur de flûte se dresse la montagne
Aux flancs frissonants dans la nuit, enfiévrés.
Ses doigts agiles et scintillants
N’ont de trève de composer leur charme,
Et voyez comme mères et pères perdent leur dernier souffle
Lorsque dans ses yeux verts
Fomente un feu qu’aucune supplique ne saurait éteindre.
Dans la lumière des flambeaux rivés à la roche,
Les joues rougeoient de pétulence
Et un murmure se propage.
Roulement de roches tambourinantes,
La montagne s’est ouverte, révélant ses profondeurs éblouissantes,
Ses chemins de traverses bordés d’herbes d’or,
Sans un regard en arrière, tous se sont engouffrés.
À vous qui jamais n’avez osé emboîter le pas du joueur de flûte,
Qui gardez sous le joug de la tyrannie
L’âme et la candeur,
Songez qu’au coeur de cette montagne scellée aux ombres défiantes,
Veille encore le plus redoutable des ravisseurs.